Mon premier marathon, mon aventure!
Imposible de parler de ce marathon sans évoquer mon club: l'ASSPV (Association Sportive Source Perrier Vergèze) dans le Gard. Des sorties sont organisées au gré des courses ou des envies de chacun en début d'année et un calendrier est plus ou moins présenté avec aucune obligation. Un ou plusieurs voyages sont organisés par l'intermédiaire de MOONRAKER TOURS. N'hésitez surtout pas à aller visiter leur site! Principe de voyages organisés mais qui ressemblent plus à des colos avec pour nous une thématique sport.
Nous avions parlé de Berlin au départ mais les dossards étaient tirés au sort cette année, difficile à gérer pour une sortie club!!! Donc, après concertation, ce sera Dublin! Le 27 octobre 2014! Fouyouououou! excitation! on parle de 1er marathon, ça y est, c'est du concret!
Retour de vacances, début de préparation, partage de mes sensations sur Instagram, des liens se créent, les kilomètres s'enchaînent, les blessures, les doutes, les encouragements, et puis le départ!
Nous embarquons une de nos filles avec nous. La plus petite sera gardée chez sa mamy, le plus grand nous suivra par l'intermédiaire des réseaux sociaux et d'internet du Canada avec sa chérie. Je les cite tous les 4 car ils ont été importants non seulement pendant la prépa mais aussi et surtout pendant la course.
Samedi matin: on récupère Valérie et direction Nice pour l'avion. on retrouve à l'aéroport tous ceux qui vont faire la richesse du voyage. En tout nous sommes 29 dont 18 futurs marathoniens (il n'y a qu'une distance donc moins de coureurs que d'habitude!). Arrivée sur Dublin en après-midi. Nous sommes logés dans une auberge de jeunesse, en plein centre du mythique quartier de Temple Bar. 4 par chambre pour la plupart. Certains auront préféré rester en couple. Nous partagions notre petite chambre, avec des lits superposés, la colo je vous dis! Cécile ne court pas, elle prendra soin de moi, Jean-Pierre nous donnera des conseils.... Quartier libre jusqu'au soir avec plans de la ville et heure et point de rencontre pour le soir. Rien n'est imposé, les groupes se font selon les envies. Nous décidons de rester tous les 3. Le soir repas / soirée dans un pub de Temple Bar.
Dimanche: 1er moment fort pour moi: Récupération des dossards. La pression commence à monter, ça devient du concret. On entend parler français, on ne sera pas tous seuls!
Une petite photo souvenir et petite frime sur les stands:
On s'amuse, on flane, Solène écrit un petit mot à notre intention sur le mur des encouragements....... On est tous là pour la même chose! On sera tous au même endroit demain matin!!!.....
La veille au resto nous étions tombés d'accord, 3 iraient faire quelques courses et le soir nous partagerions notre repas du soir de veille de course dans la cuisine de l'auberge de jeunesse. On mangera donc des pâtes pour la énième fois de la semaine, mais c'est sûr, ce sera la dernière! Une bonne ambiance décontractera la jolie troupe. Merci Manu, Sandrine, Valérie....
Lundi.... ou le D day! ça y est, nous y sommes! ce moment tant attendu, tant redouté, il est trop tard pour réfléchir, tout est prêt, nous sommes prêts, je suis prête!
J'ai très mal dormi, je me suis levée plusieurs fois, le ventre en vrac. Je redoutais ce moment, j'avais été malade sur le Viaduc de Millau, je voulais profiter de mon moment! Je rejoins la cuisine commune. les visages sont tendus. nos accompagnants font le bon job, ils nous rassurent. les néo marathoniens sont tendus. échanges de clins d'oeil, de sourires, de moues, de mots gentils. les accomplis sont dans leur course mais restent dispo. je mange bien au petit dej d'habitude, un vrai repas. l'apétit n'est pas au rendez-vous. je ne boierai pas le jus de chaussette de l'auberge, pas plus que le pseudo jus d'orange. je n'ai rien amené de particulier. j'avale juste une tartine.
rendez-vous est donné dans la salle commune. on se croirait dans un vestiaire un soir de match de coupe. les visages sont tendus, encore plus qu'au petit dej. on ne parle plus. on se détend en s'appliquant des peintures de guerre. ça sent la pommade chauffante. Je reste à côté de David. Solène prend des photos, fige le moment.
Nous sommes prêts à descendre. On fait la traditonnelle photo de groupe avant de partir, histoire de se regrouper une toute dernière fois, d'être une dernière fois soudés avec les derniers rires.
Et c'est l'heure de rejoindre la ligne de départ. Nous sommes en plein centre, à 1/4 d'heure à pied, ça fait du bien de marcher.
Nous avions choisi l'option débardeur, floqué à nos prénoms. J'ai choisi de courir en short. Le temps était incertain mais je n'aime pas courir en long. Toute notre prépa s'est faite quasiment sous la chaleur. Je mets quand même un buff gagné lors du Viaduc de Millau, je sors d'une angine.
Pas toujours évident de courir avec des lunettes. J'ai de bonnes lunettes de soleil de vue de sport. Je les mets souvent, nous avons beaucoup de soleil chez nous. Par contre mes lunettes de vue de la vraie vie de tous les jours ne sont pas adaptées (encore) à la pratique du sport. Elles sont lourdes, elles tombent sur le nez, bref, pas top. Je m'affuble d'une casquette, il risque de pleuvoir et je n'ai pas l'option essuie-glace.
Mes gros mollets ne rentrent plus dans mes boosters, j'ai une paire de chaussettes hautes. Je suis donc mignone tout plein! J'ai gardé mon alliance, d'habitude je quitte tout et j'ai mis les deux bracelets glissés au dernier moment dans ma valise par Clémentine - affreux bracelets en plastique aux couleurs de la France, et de l'Irlande -
Il y a du monde, beaucoup de monde. Il est l'heure de rejoindre nos vagues de départ. Deux d'entre nous bénéficient de dossards "élite". Ils comptent tourner autour des 2H30.... les autres sont dans la vague orange ou verte. David et moi sommes les seuls à partir dans la vague bleue. La dernière vague. Nous nous mettons juste derrière la ligne. des clins d'oeil, un petit bisou, des regards autour de nous. pas de stress particulier à ce moment là.
Je me laisse porter. hymne national. tout le monde chante autour de nous. pas de David Guetta comme ici.
Les élites prennent le départ, j'essaie de capter Eric et Pascal sur l'écran géant, je ne les verrai pas! les barrières s'ouvrent petit à petit. nous commençons notre lente marche au gré des départs de vagues. je capte le satelite sur ma montre. je le fais au dernier moment, je sais qu'elle ne tiendra pas la distance (enfin le temps, pas vraiment la distance!!!!) La flamme des 4h20 s'installe devant nous! oups, on va vite se faire doubler! enfin moi! je quitte mon vieux tee-shirt noir, j'ai un peu froid mais ça passe. orange, vert,..... c'est à nous! dernier regard, dernier bisou. autour de nous ça lève les bras, on fait pareil. les gens sont heureux, nous aussi.
PAAAAAAAAAAAN! montre enclanchée!
Je perds assez vite David du regard, certains slaloment déjà. je regarde plus mes pieds au départ que les maisons. et puis assez vite je prends mon rythme. je repère des quartiers visités la veille. je profite. je sais que ma Solène est positionnée vers les 5 kms, je suis très attentive, je ne veux pas louper ses encouragements. il y a beaucoup de monde autour. je reste au milieu de la chaussée, je regarde partout. ça m'occupe. RAS
Enfin je l'aperçoit! je crie son prénom, elle est ailleurs, je m'époumone. elle m'entend enfin. elle a un air surpris. je n'aurai pas ma photo des 5 kms.
On entre dans un parc. je sais qu'on a une ligne droite de quasi 6 kms, mais je ne vois pas, il y a beaucoup de monde. je ne vois que des têtes devant moi. c'est mieux. sur les côtés les gens qui nous encouragent avec leur clap hand. j'entends "allez les bleus", je souris à tout le monde. je suis contente.
je suis toujours derrière la flamme des 4h20! ce n'est pas mon ryhtme mais je suis bien. j'espère ne pas le payer plus tard. j'aperçois David devant moi. il est raisonnable, c'est chouette, il tablait plus ou moins sur 4H17 (nous avions fait des pronostics le jour de l'arrivée au pub - le coach avait donné son temps pour nous et chacun sa propre estimation - le coach m'avait mis 4h35, je m'étais octroyée 4h42).
j'ai envie de m'arrêter aux toilettes, j'accélère doucettement, je veux dire à David que je vais bien. j'arrive à son niveau. il est surpris. je lui dit qu'il faut que je m'arrête au ravito. il récupère sa petite bouteille, je vais vers les portes grises. je ne le reverrai qu'à l'arrivée.
Nous longeons des écoles, des parcs, c'est plutôt sympa, je ne pense pas à grand chose en fait. la flamme ne s'est pas arrêtée faire pipi mais je l'ai toujours en ligne de mire. David m'avait fait une petite carte avec mes temps estimés tous les 5 kms et les endroits des ravitos avec ceux pour lesquels je devais avaler mes gels. je savais que ça allait m'occuper! j'avais aussi pris des bracelets d'allure au salon la veille. un sur la base de 4H29 et l'autre sur la base de 4H39. je prenais donc mes gels juste avant de prendre ma bouteille d'eau. j'ai été étonnée des ravitos. rien de solide comme ici. Un sur trois avec de la boisson sucrée et vers le semi un gel. des bonbons tout le long donnés par les spectateurs! c'était rigolo.
je ne prendrai que de l'eau et mes propres gels donc.
les kilomètres s'égrainent. le paysage devient de moins en moins sympa, les gens le sont beaucoup par contre.
Solène devait se positionner vers le semi. je la sais seule avec sa carte dans cette ville étrangère. elle a son appareil photo. je pense à elle, elle a du mérite de nous attendre. je me remets en mode attentive et regarde les abords de la route, de droite et de gauche, continuant à distribuer mes sourires. une arche au loin!!! le semi? déjà? et avec un rayon de soleil mais du vent. j'entends biper, je passe sous l'arche, je suis ravie! loupé! ce n'était "que" le 20ème km.
j'ai hâte de voir solène, je recommence à penser à David, me plait à penser que je suis en avance sur mon temps. pour la 1ère fois je pense à ceux et celles qui m'ont encouragée sur IG, ça me fit sourire. je franchis le semi en 2H10. je suis contente. je commence à penser à la rédaction de cet article.... mais je reste vigilente, il y a beaucoup de monde, on se croirait à l'ascencion d'un col un jour de tour de France! j'entends "allez maman"! je la vois enfin, mais je n'arrive plus trop à sourire, pas autant que je le voudrais. je lui fais un signe. ça commence à bien monter.
Et là jeme dis que je ne reverrai plus personne d'ici l'arrivée.... dans 20 kms. le vent de face. on monte encore. ce n'est pas très joli. je suis un peu déçue. je pense toujours à IG. je pense à Sophie qui a fait la semaine avant son premier marathon avec un temps canon. moi aussi je veux raconter que je vais y arriver, avec un joli temps. je pense à Jessica une petite française qui fait ses études à Dublin et qui a l'âge de mes petits amoureux du Canada, je ne la connais pas, je sais qu'elle court pas loin de moi. je sais que Eric et Pascal sont déjà arrivés, ils sont presque douchés. ça me fait sourire. j'arrive au 24ème et surprise! je vois Cécile, ma compagne de chambre! ça me fait doublement plaisir: 1 parce que je ne m'attendais pas à la voir et 2 parce que je sais que je suis la dernière du groupe donc forcément qu'elle m'attendait MOI.
24 kms, je les attendais, je n'ai jamais fait plus! des gens commencent à souffler. des gens commencent à marcher. je double des dossards verts, ils sont partis 10 mn avant moi.... ça monte, il y a du vent, je commence à penser à mes proches.
je regarde mes bracelets moches, ça me fait du bien. je repense à IG. il ne faut pas que je flanche Aure compte sur moi. je suis son crach test. elle va faire son premier marathon bientôt. il faut que je lui raconte. mais quoi? que je commence à flancher? non, allez, ça repart. ça monte encore il y a encore du vent. c'est toujours pas beau. les gens sont toujours sympa. je n'ai plus de notion du temps. la flamme de 4.20 s'éloigne....
de l'ombre, du vent, une grande montée les gens marchent. et si je faisais pareil? certains sont assis sur le bord !!!???!!! déjà? j'entends encore biper, une autre arche en haut de la montée! les 30 kms avec cette inscription: bravo, vous avez vaincu le mur! ça me donne les larmes aux yeux.... j'ai besoin de réconfort. mes muscles se contractent. tiens! mais je n'ai pas eu de douleurs aux ischios! et mon genou m'a laissée tranquille! c'est chouette ça!
mais aïe, merde, mon pied part tout seul, je monte en crabe, une crampe. j'ai conscience d'être très penchée en avant. j'ai mal au bas du dos. j'ai mal au bras. sur le bord de la route un homme par terre. massage cardiaque! je me mets à crier! je crie nooooooooooooon c'est pas possible! on est là pour profiter! je pleure même mais je cours, je marche. je pense maintenant très fort à ma petite Aurore et à ce qu'elle a vécu à l'OCC au Mont-Blanc cet été. je pense à Baptiste et à son marathon de l'Hortus qu'il a bouclé cet été sur les pentes du Pic Saint Loup. je pense à ma mère, à ma marraine, à ma grand-mère qui est à l'hôpital. merde je pleure, je pense à mon père disparu, qui n'aura jamais su que j'étais capable de courir. je pense à David qui lui ausi a du mérite. je pense au groupe. je ne veux pas être la seule à ne pas ramener de médaille du finisher.
j'ai des crampes! grosse rumeur, j'entends crier...... je me retourne. c'est la flamme de 4.30 qui m'aspire. ma montre me prévient, elle va s'éteindre et me laisser toute seule. je continue. les gens marchent de plus en plus. moi aussi. des gens m'encouragent en anglais. je souris moins. pourtant j'entends WELL DONE Valerie. je sens des bras m'enlacer, mes jambes ne me portent plus. je souris à ce gentil irlandais aux cheveux blancs, je lui dis que c'est ok, il le lâche. il y a un peu moins de monde et on arrive vers ce qui ressemble à un périph avec de la circulation. tout est en miles. j'ai du mal à faire la conversion, je n'ai plus ma montre, je suis fatiguée
une autre rumeur! d'autres applaudissements. cette fois j'ai compris. la 4.40 me double, mes larmes redoublent. j'arrache mes bracelets d'allure.
devant moi j'entends parler français. je m'approche. l'a pô l'air bien en point ce gars là! ma montre m'a lâchée! il reste combien de kms? il me regarde d'un air hagard! c'est qui elle, qu'est-ce qu'elle me veut???? son copain s'approche, il est plus frais lui. salut! il reste 3.5kms environ. tu viens d'où? et ho ho molo mon grand je t'ai juste demandé mon chemin! c'est ton combientième? mon 1er ! ha ok chouette salut moi je suis de mont de marsan, c'est mon 20ème, j'accompagne mon pôte! merde, en parlant on a dépassé son pote. sans m'en rendre compte je me suis remise à courir. il retourne vers son copain, dommage.... et si je faisais 3 petits pas en marchant? juste pour soulager ma crampe et mes orteils? et là j'entends de suite non! ne marche pas, pas maintenant! t'as pas le droit là! je vais t'amener jusqu'à l'arrivée. on arrive au 40ème! la veille nous avions vu le panneau en récupérant nos dossards. il me dit tu reconnais? tu as dû venir ici hier? oui, je m'en souviens! il fait le va et vient entre son copain et moi. je sais que c'est possible. je sais que je l'aurai ma médaille. j'ai les pieds en feu. je me fais doubler par la 4.50 même pas mal!
je suis déjà déçue. le mal est fait. mais ce soir je serai marathonienne. je vois du monde, des barrières, les gens sont encore là! est-ce que j'aurai un tee-shirt à ma taille en arrivant si tard? une horloge géante avec un chrono! mon pas s'alonge. je m'affranchis de mont-de-marsan je pensais pouvoir le remercier à l'arrivée, je ne l'ai pas vu. en fait je crois que je ne savais même pas la tête qu'il avait mont-de-marsan! il reste encore 500mètres, ce n'était pas l'arrivée. je jète mes dernières forces. Benjamin m'encourage fort, très fort, il me sourit,ça me fait du bien! je double la flamme des 4.50! yes! l'arche!
arrêt des jeux! pleurs! j'ai ma médaille autour du coup. mon petit sac vert. mon tee-shirt (à ma taille). derrière les grilles David, il est arrivé, il va bien! je suis soulagée. j'ai su plus tard qu'il a mis 3 minutes de moins que moi peut-être aurais-je pu le rejoindre, nous nous serions aidés, peut-être non!il y a ma Nénette aussi derrière la grille, toujours avec son appareil photo. je rejoins une partie du groupe je ne suis pas la dernière. je n'ai pas vu jean-marc en souffrance et pourtant j'ai dû le doubler....
la fin du séjour a été racontée en image sur FB.... mais mon marathon est terminé. Aure, c'est possible!
je suis MARATHONIENNE!!!
je dis MERCI à tout le monde. ma famille et mes amis qui m'ont soutenue, mont-de-marsan, mon coach, mon club qui ne m'a jamais fait pensé que je n'étais qu'une merde de 4.50 mes enfants (mes inconditionnels fans), mes "copains et copines" d'instagram, Cécile qui a été pour moi une aide très précieuse lors des dernières heures et David..... nous l'avons fait mon chéri! nous y sommes arrivés! Je t'aime.
fière de moi! fière de mon Pilou! fière de mon groupe!
merci à Mariel.....
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